Après la visite empreinte de spiritualité de la pagode Minh Thành, nous avons poursuivi notre journée vers un autre lieu emblématique de Pleiku : le lac T’nưng, que les habitants appellent affectueusement Biển Hồ, ou « la mer des Hauts Plateaux ».
À seulement sept kilomètres au nord-ouest du centre-ville, le lac T’nưng Pleiku est un havre de paix suspendu entre ciel et terre. Ce lac de cratère volcanique, perché à près de 800 mètres d’altitude, nous accueille avec une lumière douce du matin, filtrée à travers les pins rouges centenaires. La route qui y mène serpente entre des collines verdoyantes, où l’on croise parfois des troupeaux de vaches paisibles. Tout ici semble aller au ralenti, dans un autre rythme que celui de nos vies modernes.
Carnet de repérage – Témoignages et images authentiques issus du voyage d’exploration de l’équipe marketing de Far East Tour à travers 7 provinces du Centre du Vietnam, réalisé en juin–juillet 2025.
Une entrée modeste pour un paysage grandiose
L’arrivée au lac se fait simplement. Un petit portail de bois, quelques escaliers bordés de fougères, et une billetterie locale où l’on paie un droit d’entrée symbolique de 10 000 VND par personne. Le personnel est discret, presque invisible. Pas de foule, pas de guides, aucun panneau tapageur. On entre dans ce lieu comme on entre dans une salle de méditation.
Devant nous s’ouvre alors un panorama sur le lac T’nưng, immense, immobile, envoûtant. L’eau reflète parfaitement le ciel — ce jour-là d’un bleu tendre — et les arbres qui l’encerclent semblent s’y pencher comme pour se contempler. Le silence est profond, presque sacré. Ce lac d’eau douce n’est pas un lieu de loisir, il n’y a ni canoë, ni baignade, ni pédalo : c’est la principale réserve d’eau potable pour la région, ce qui explique son état de conservation exceptionnel.
Terre de légendes et de mémoire
Le lac T’nưng, aussi appelé lac Ea Nueng dans certaines langues locales, est plus qu’un paysage : c’est un lieu habité par les mythes. Une légende raconte qu’un village entier aurait été englouti par une éruption volcanique, transformant la vallée en lac. Certains habitants disent que le fond du lac est si profond qu’il communique avec la mer de l’Est. Ces légendes du lac T’nưng font partie intégrante de l’imaginaire collectif, transmises oralement depuis des générations.
Assis sur un rocher au bord de l’eau, je me suis surpris à contempler longtemps cette surface lisse, comme attiré par quelque chose d’invisible sous l’eau. L’atmosphère y est douce, presque mélancolique. On se sent tout petit devant cette immensité tranquille.
Une rencontre qui en dit long
Alors que nous marchions sur le sentier qui longe la rive, notre regard a été attiré par une barque de bois, glissant doucement sur l’eau. À son bord, un homme seul, les gestes lents et précis. Il lançait un filet à la main, sans moteur, sans bruit, comme s’il connaissait chaque recoin du lac.
En s’approchant, il nous salua d’un sourire timide. Nous avons échangé quelques mots. Il nous a expliqué qu’il pêche chaque matin de petits poissons, des crevettes, parfois des crabes ou de minuscules tortues, qu’il garde dans un filet immergé près du rivage pour les vendre ensuite au marché de Pleiku.
Il faisait cela depuis des années, comme l’avaient fait son père et son grand-père avant lui. Ce travail simple, régulier, lui permettait de vivre, mais aussi de préserver un lien ancestral avec le lac.
Il nous a dit une phrase que je n’oublierai pas :
« Biển Hồ là cuộc sống của chúng tôi. » (« Biển Hồ, c’est notre vie. »)
Une nature intacte et précieuse
Le lac est bordé de forêts de pins rouges des Hauts Plateaux, qui changent de couleur selon les saisons. En hiver, la brume y crée une ambiance fantomatique ; au printemps, les jeunes pousses apportent des nuances vert tendre ; et en été, la lumière se reflète en jeux d’or et de cuivre sur l’eau. On peut y observer une faune discrète : martins-pêcheurs, aigrettes, parfois même des singes au loin.
C’est aussi un refuge pour les plantes endémiques et un site d’écotourisme respectueux, apprécié des voyageurs en quête d’authenticité. Ici, pas de parc d’attractions ni de foule. Seulement vous, la nature, et le silence.
Fin d’après-midi sur l’eau figée
En fin d’après-midi, alors que le soleil commençait à descendre, les reflets du ciel se teintaient de rose et d’ambre. Le lac devenait alors un miroir parfait, presque irréel. Chaque vaguelette semblait peinte à la main. C’est le moment idéal pour les photos du lac T’nưng au coucher du soleil, un tableau vivant d’une rare beauté.
Assis à l’ombre d’un pin, j’ai pensé à ce que ce lieu représente : la mémoire vivante d’une terre, un écosystème fragile, mais aussi un cœur battant pour toute une communauté. Ce stérile cratère volcanique devenu oasis, ce silence plus puissant que mille mots.
Et puis, il a fallu partir
Lorsque nous avons repris le chemin vers la ville, un léger vent s’est levé. Les pins bruissaient doucement, comme pour nous dire au revoir. Je me suis retourné une dernière fois : le lac To Nueng, dans la lumière dorée du soir, brillait comme un joyau ancien. Je suis reparti avec le sentiment d’avoir reçu quelque chose — une leçon de simplicité, de lien à la nature, et surtout, un moment de paix intérieure que je n’oublierai jamais.
Conseils pour visiter le lac T’nưng à Pleiku
- Nom local : Biển Hồ – lac T’nưng ou lac Ea Nueng
- Adresse : à 7 km au nord-ouest du centre de Pleiku, province de Gia Lai
- Entrée : 10 000₫ (~0,4 €) par personne
- Meilleure période : lever ou coucher du soleil ; de novembre à février pour une lumière douce et fraîche
- Important : pas de baignade, ni canoë, ni vélo autour du lac — respect de l’eau et de la vie locale
- À ne pas manquer : photos des reflets du ciel, rencontre avec les pêcheurs locaux, atmosphère brumeuse au lever du jour
Visiter le lac T’nưng à Pleiku, c’est s’éloigner du tumulte du monde. C’est apprendre à écouter, à regarder, à ressentir. C’est une leçon de beauté naturelle et de respect de la vie. Un moment suspendu. Un souvenir précieux.