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Pagode de Linh Phuoc à Da Lat: Chemin de mosaïque et de lumière

Nous avions entendu parler de la pagode de Linh Phuoc, surnommée pagode Ve Chai, construite entre 1949 et 1952, puis rénovée en 1990 par le vénérable Thích Tâm Vi. Mais c’est seulement en arrivant devant ses murs foisonnants de couleurs que nous avons compris l’ampleur de son architecture en mosaïque — un kaléidoscope de beauté et de spiritualité.

L’instant de la découverte

La visite débute dès que l’on franchit le portail principal du lieu‑saint situé au 120 Tu Phuoc, Đà Lạt. Nous sommes accueillis par le scintillement sans fin de fragments de verre cassé, de porcelaine et de bouteilles recyclées. Le sol craque sous nos pas, tant d’éclats de lumière reflètent le soleil levant. C’est comme pénétrer un trésor caché dans une forêt de pins bruissants.

Le guide local nous explique le pourquoi du surnom Ve Chai (vieille ferraille) : tout ici est fait de matériaux récupérés, assemblés avec une délicatesse incroyable, jusqu’à créer une œuvre d’art collective.

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Anatomie d’un dragon géant

Nous tournons ensuite autour d’un dragon mosaïque de 49 m de long, dont la tête jaillit à 7 m de hauteur, faite de plus de 12 000 bouteilles. Il enserre une galerie en un tunnel sinueux, dont la signification est triple : protection, passage, et cheminement spirituel.

Le guide nous invite à monter ses plateformes pour admirer les motifs : écailles multicolores, perles de porcelaine, arabesques délicates. On ressent l’énergie du lieu : ce n’est pas une simple décoration, c’est un hommage vivant à la nature, au recyclage, à la créativité bouddhiste.

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Rencontre avec la cloche et le clocher

En poursuivant la procession, nous découvrons la tour‑clocher de 37 m, bâtie en sept étages. Au sommet, la plus grande cloche du Vietnam, haute de 4,3 m et pesant 8,5 tonnes, trône dans une armature de bois sombre.

Un moine nous invite à la frapper trois fois, comme le veut la tradition — chaque coup résonne profondément, traversant le silence des montagnes et rappelant les quatre saisons tournantes. Le son est grave, vibrant, presque méditatif. Un moment où l’on ressent le poids du temps, la force du souvenir.

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Le tunnel de l’enfer et la bienveillance de Quan Am

Plus loin, nous tombons sur une statue de Quan Am de 17 m, recouverte de 650 000 fleurs immortelles — un spectacle à couper le souffle. Sa posture bienveillante, les pétales colorées, tout cela suscite une émotion douce, un sentiment de paix. On a presque envie de s’agenouiller pour ressentir sa compassion.

Mais à deux pas, un tunnel représentant les 18 niveaux de l’enfer impose un contraste saisissant. Scènes peintes, sculptures en cire d’anciens bonzes, souffrances, péchés, flammes stylisées : une vision tremblante de la condition humaine. Ici, la pagode ne fait pas que sublimer : elle éduque, rappelle la nécessité de la compassion et de la vertu.

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L’art du détail : lotus, dragons, fleurs éternelles

Tout autour, les murs sont découpés d’arabesques de lotus, d’atlantes, de spirales de dragon, de fleurs éternelles posées avec minutie. Chaque angle, chaque pilier déborde de détails. On pourrait tourner des heures, sans épuiser la matière.

Nous passons près de sculptures en cire, reproductions hyperréalistes de bonzes en prière. Elles nous regardent passer, silencieuses mais présentes. L’artiste a capté l’expression du visage, le pli d’une robe, la grâce d’une posture contemplative.

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Sensations et impressions : quand le cœur s’ouvre

En arpentant ce lieu foisonnant, nos sens sont réveillés : le scintillement du verre cassé, le clapotement discret du clocher, l’odeur légère du betel et de la résine d’encens, le toucher des surfaces polies, parfois froides, parfois chaudes au soleil. L’émotion nous gagne : ici, la foi prend la forme d’un art radical, coloré, magnétique.

Nous comprenons que la pagode de Linh Phuoc est plus qu’un site touristique : elle est un manifeste de créativité, un ode à la condition humaine, un temple moderne enraciné dans les traditions bouddhistes.

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Un moment de retraite dans les jardins

Après la visite des édifices principaux, nous traversons un petit jardin bordé de pins et de plantes exotiques, ponctué d’aires de repos en mosaïque, parfois envahies de mousse. Nous retrouvons la quiétude originelle, interrompue seulement par le chant d’un oiseau ou le cliquetis d’un moine frottant sa robe.

Sur un banc d’ombre, nous restons quelques instants, repensant aux scènes traversées : la cloche, le tunnel, le dragon. Le contraste entre la beauté éclatante et l’enseignement dramatique sur l’enfer nous accompagne, comme une méditation silencieuse.

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Informations pratiques

📍 Adresse : 120 Tu Phuoc, Đà Lạt
🕘 Horaires de visite : environ 7h–17h
🎟️ Tarif : entrée gratuite (donation possible)
📸 Conseils photo : en matinée, la lumière du matin sublime les mosaïques ; n’oubliez pas un appareil grand-angle pour capter le dragon entier

🔔 À ne pas manquer : sonner la cloche 3 fois, pénétrer dans le tunnel de l’enfer

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Une émotion pour l’esprit et les yeux

En quittant la pagode de Linh Phuoc, avec la brume légère du matin encore accrochant les pins, on se sent curieusement apaisé, inspiré, enrichi. Cette mosaïque de verre et de foi, ces contrastes entre beauté et mise en garde, ces œuvres sculptées avec passion — tout cela laisse une trace durable.

Il y a quelque chose de puissant et tendre dans ce lieu : la volonté de transmettre, de toucher, de faire réfléchir, sans jamais écraser. En refermant la porte, nous emportons avec nous le chant du dragon, le tintement de la cloche, le regard bienveillant de Quan Am, et cette émotion intense, tissée par le mélange improbable de verre cassé et de spiritualité millénaire.

Cette visite nous rappelle que le bouddhisme est aussi art, que la foi peut se déployer en couleurs vives, et qu’un temple n’est jamais figé quand il sait réinventer le dialogue entre l’ancien et le contemporain. Le couloir du dragon, le tunnel de l’enfer, les mosaïques explosent l’idée même de passivité : pour croire, il faut marcher, ressentir, comprendre.

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Grant Nguyen

Grant Nguyễn est notre auteure passionnée et experte en voyages. Diplômée de l'Université nationale de Hanoï, où elle a étudié la langue et la culture française, Grant possède une connaissance approfondie et une passion pour le partage de la culture vietnamienne. Depuis 2017, elle s'est consacrée au secteur du tourisme, explorant chaque coin du Vietnam, du nord au sud. Sa vaste expérience personnelle des voyages à travers le pays lui permet de vous offrir des conseils précieux et des récits captivants. Avec le désir profond de partager ses connaissances et son amour pour le Vietnam, Grant espère inspirer et guider les voyageurs du monde entier à découvrir la beauté et la richesse de cette terre fascinante.
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