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À la quête des nuages : une matinée à la colline de thé de Cau Dat 

La route de Đà Lạt à Cau Đat s’enfonce lentement dans une vallée de pins, serpentant autour de collines bruissantes. Nous avons quitté la ville à l’aube, pressés par l’idée d’arriver à temps pour la chasse aux nuages — cet instant suspendu où la brume matinale enlève les sommets des collines de thé pour ne laisser apparaître qu’un océan blanc, parcouru de taches vertes serrées. À 25 km au sud-est de Đà Lạt, à 1 650 m d’altitude, s’étend cette plongée dans l’histoire du thé vietnamien, née au début du XXᵉ siècle.

Carnet de repérage – Témoignages et images authentiques issus du voyage d’exploration de l’équipe marketing de Far East Tour à travers 7 provinces du Centre du Vietnam, réalisé en juin–juillet 2025.

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Portes ouvertes sur un monde en vert et blanc

En approchant de la colline de thé de Cầu Đất, le silence devient presque palpable. Des rangées ordonnées de plantations de thé centenaires s’étendent devant nous à perte de vue. Leur organisation stricte, en courbes régulières, sert de contrepoint à la nature sauvage alentour. Dès notre arrivée, nous frissonnons : l’air est frais, presque humide, comme si la terre et les plantes respiraient ensemble.

Des cafés panoramiques nichés dans les hauteurs nous offrent une belle vision d’ensemble. Nous y commandons un Oolong local — un thé semi-fermenté parfumé, typique de la région — que nous dégustons le long des terrasses de bois. Chaque gorgée porte la douceur herbacée de la colline, avec des notes de miel et d’orgeat.

Un paysage empreint d’histoire

Créée par les Français entre 1922 et 1927, la plantation de Cầu Đất est l’une des plus vieilles d’Asie du Sud-Est. Une première usine de thé y vit le jour, marquant les débuts d’une industrie naissante.

Nous entrons dans le musée du thé, inauguré en 2021 dans l’ancienne usine. Les premières machines destinées à sécher ou rouler le thé sont encore là : tambours rotatifs en bois, séchoirs à combustible, convoyeurs grinçants. Ces pièces mécaniques poussiéreuses, patinées par le temps, évoquent des épopées industrielles dans un décor colonial.

Un guide passionné nous fait entendre le murmure du passé :

« Ces machines fonctionnaient non-stop ; les ouvriers travaillaient en plusieurs équipes. On produisait plusieurs centaines de kilos par jour », nous dit-il, en caressant du doigt un ancien tambour en laiton.

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La magie de la brume et du lever du soleil

Sortis du musée, nous arpentons la plantation à pied. Dès 6 h 30, la brume danse dans les allées. Parfois, elle laisse apercevoir des silhouettes de théiers prises entre deux mondes : la lumière naissante du soleil fend l’opacité, créant un tableau monochrome parsemé de verts lumineux.

C’est un spectacle imprévisible et vivant : certains matins, un épais nuage couvre tout, d’autres, une brume fine laisse passer la lumière dorée. Nous restons silencieux, presque révérencieux, avec pour compagnie le chant tendre d’un geai et le craquement timide des coques de pin tombant au sol.

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Le thé sous toutes ses formes

Un second arrêt chez les cafés-terrasses nous permet de goûter un autre Oolong, décliné en thé glacé infusé, matcha au thé local et même thé parfumé aux épices Dà Lạt. À chaque tasse correspond une posture différente : la dégustation sous la brume, la contemplation de la plantation immobile, l’échange avec des visiteurs étrangers ou vietnamiens, tous un peu subjugués, eux aussi.

Des propriétaires de ferme expliquent la technique :

« Tous nos théiers sont à cueillette manuelle, deux fois par semaine pendant la saison. Le meilleur moment est tôt le matin, avant que la rosée ne se soit complètement évaporée. »

Nous observons les jeunes plants de la variété Oolong Kim Tuyền, aux feuilles charnues, et les théiers plus âgés, aux troncs rugueux, parfois centenaires. La diversité est le signe d’une culture pensée pour durer, loin des plantations monocultures industrielles, mais respectueuse du terroir et de la biodiversité environnante.

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Immersion dans la plantation : cueillette et savoir-faire

Guidés par un fermier, nous nous aventurons dans les rangs. Il nous montre comment cueillir la feuille de thé, avec deux doigts : la bourgeon terminal + deux feuilles — c’est la base du thé premier choix. Il explique aussi le processus de fermentation maîtrisée pour le Oolong.

Démonstration : sur une table rustique, nous observons la transition : de la feuille fraîche sortie du buisson à la feuille roulée, légèrement chauffée, jusqu’à la théière remplie d’une boisson ambrée.

Chaque geste est minutieux, réfléchi. Le fermier nous raconte l’histoire de la ferme :

« Mon père a planté ces jeunes théiers il y a dix ans. Il travaillait ici depuis l’âge de 15 ans. »

Nous réalisons alors que ce lieu s’ancre dans une lignée humaine, entre globalisation et enracinement territorial.

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Un parcours bucolique entre agriculture et contemplation

La plantation offre un circuit balisé, de points de vue en belvédères, de panoramas en photoshoot : certains visiteurs viennent explorer les meilleurs spots photo, surtout au lever du soleil, quand la brume devient un océan d’eaux vives, et la végétation se drape dans un voile onirique.

Les couches successives de théiers semblent former des vagues immobiles, évoquant une calligraphie en vert et gris.

Un groupe d’Amateurs vloggueurs visitent le site : chacun cherche son angle parfait, le rayon de soleil qui viendra percer l’écran. Mais même après les clichés, tout le monde s’arrête en silence pour admirer le réel.

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Entre culture populaire et agriculture durable

À la fin de la visite, nous rejoignons un atelier de transformation : une petite structure où l’on vend feuilles en vrac, sachets de thé, souvenirs tels que des mugs en porcelaine décorés de motifs de théiers, tisanes parfumées, ou même produits cosmétiques à base de thé.

Des brochures présentent les situations géographiques, les techniques de cueillette, la periodicité de récolte : deux à trois fois par an, selon les saisons.

La plantation de Cầu Đất, officiellement plupart accessible gratuitement, compte aussi sur les achats sur place pour maintenir le site, et financer la réhabilitation de certains troncs et plants centenaires.

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Une émotion lente et profonde

À la fin de cette matinée, nous repartons avec deux sensations fortes :

la beauté silencieuse de la nature organisée, travaillée par des générations, mais jamais domptée ;

le lien vivant avec des techniques cultivées, raffinées, transmettant une histoire d’hommes et de plantes, mais aussi d’époques coloniales, d’innovations agricoles et de résilience locale.

Le paysage nous reste dans le cœur : ces ondulations de théiers, cette brume qui danse entre les lignes géométriques, ce soleil matinal qui engendre une douceur vivante propre à Đà Lạt. Et surtout, ce sentiment incroyable d’avoir vu le temps se refléter dans des feuilles, mêlant l’infiniment petit et l’échelle géographique.

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Informations pratiques – visiter la colline de thé de Cầu Đất

📍 Localisation : ~25 km sud-est de Đà Lạt (altitude 1 650 m)
🕖 Heure recommandée : arrivée entre 5h30 et 6h00 pour le lever du soleil
🎟️ Accès : généralement gratuit, ou contribution suggérée de 20 000 – 50 000 VND pour l’entretien
🍵 À déguster : thé Oolong, matcha, thé glacé, cosmétiques à base de thé
📷 Meilleurs spots : terrasses basses, cafés panoramiques, belvédères sur les courbes de la plantation
🚗 Comment s’y rendre : service de moto-taxi, voiture privée ou tour depuis Đà Lạt (options proposées par agritourisme)
⏳ Durée conseillée : 2 à 3 heures (visite, dégustation, promenade)

Visiter la colline de thé de Cầu Đất, c’est embrasser une matinée de poésie agricole — un moment où la vidéographie des drones et les shoots Instagram laissent place à la sérénité et à la connexion au vivant. C’est une chasse aux nuages, mais aussi une chasse aux récits : ceux de la terre, de la main, de la tasse fumante, enfin avalée avec gratitude.

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Grant Nguyen

Grant Nguyễn est notre auteure passionnée et experte en voyages. Diplômée de l'Université nationale de Hanoï, où elle a étudié la langue et la culture française, Grant possède une connaissance approfondie et une passion pour le partage de la culture vietnamienne. Depuis 2017, elle s'est consacrée au secteur du tourisme, explorant chaque coin du Vietnam, du nord au sud. Sa vaste expérience personnelle des voyages à travers le pays lui permet de vous offrir des conseils précieux et des récits captivants. Avec le désir profond de partager ses connaissances et son amour pour le Vietnam, Grant espère inspirer et guider les voyageurs du monde entier à découvrir la beauté et la richesse de cette terre fascinante.
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